Effets indésirables, augmentation des cancers du col de l’utérus, dangerosité du vaccin… Dans cet article, nous faisons le point sur les fausses informations associées au vaccin contre les HPV.
« La vaccination génère des effets indésirables graves »
Aucune étude menée dans le monde n’a mis en évidence d’effets indésirables graves qui pourraient mettre en danger la santé des enfants vaccinés. En 2017, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), après avoir examiné toutes les études réalisées sur les vaccins contre les HPV et les études de pharmacovigilance, a réaffirmé le « bon profil de sécurité » de ce vaccin. Toute information qui affirmerait le contraire ne serait pas fondée sur des preuves scientifiques.
Les effets secondaires liés à la vaccination contre les HPV sont similaires à ceux des autres vaccins. Lorsqu’ils se produisent, ils sont généralement de courte durée, d’intensité légère ou modéré et interviennent rapidement après l’injection. C’est pour cette raison qu’une surveillance de 15 minutes, après la vaccination, est recommandée.
Ces effets indésirables peuvent se manifester sous la forme de réactions au niveau de l’injection (rougeurs, douleurs et/ou inflammation) et de maux de tête (céphalées).
D’autres réactions sont plus fréquentes. Il s’agit de sensations de vertige, de troubles gastro-intestinaux (nausées, diarrhées, douleurs abdominales), de fièvre ou encore de fatigue. Ces effets peuvent apparaître rapidement après la vaccination mais durent peu de temps.
Rappelons que nous disposons d’un recul de plus de 10 ans depuis la mise sur le marché des vaccins contre les infections HPV, avec 300 millions de doses distribuées dans le monde, dont 6 millions en France.
« Dans les pays qui ont fortement vacciné, une augmentation des cancers du col de l’utérus est observée »
La vaccination contre les HPV n’est pas à l’origine de l’augmentation des cancers du col de l’utérus observée dans plusieurs pays (comme par exemple en Suède et en Australie) au début des années 2000. En effet, cette augmentation intervient bien avant la vaccination.
Par ailleurs, cette augmentation a touché prioritairement des tranches d’âge qui ne sont pas concernées par la vaccination et franchement supérieures aux 20-29 ans.
Ainsi, les personnes atteintes par ce cancer comptabilisées dans l’étude (qui circule sur les réseaux) n’étaient pas vaccinées, et celles qui étaient vaccinées n’étaient arrivées à l’âge où un cancer aurait pu être diagnostiqué. En effet, l’histoire naturelle du développement de la maladie se fait en trois étapes :
- l’infection (quelques jours ou semaines) ;
- l’apparition de condylomes (verrues anogénitales) ou/ et lésions précancéreuses (entre 5 et 10 ans) ;
- la cancérisation en 25-30 ans.
L’argumentaire qui relierait cet augmentation des cancers du col de l’utérus à la vaccination HPV est donc faux.
Les données mises en avant ne sont utilisées qu’à charge, avec le seul objectif d’imputer à la vaccination contre les HPV ces évolutions de l’incidence des cancers. La diffusion de tels messages est source de confusions, voire de pertes de chances et d’un accroissement des inégalités pour les personnes qui, avec ces arguments, décideraient de ne pas se faire vacciner.
Ainsi, en France, les premières jeunes filles vaccinées à 12-13 ans en 2007 ont eu 19-20 ans en 2014. Les vraies raisons de l’accroissement, hétérogène, de ces cancers, ainsi que d’autres localisations tumorales liées aux virus HPV doivent encore être investiguées en fonction du contexte de chaque pays, et à l’aune d’un certain relâchement dans les précautions vis-à-vis du risque vénérien au fur et à mesure de la réduction de la peur du SIDA. Elles peuvent être multiples :
- la modification des comportements sexuels à travers le temps (les virus HPV sont des infections sexuellement transmissibles) ;
- la modification de la structure d’âge (pyramide des âges) et les flux populationnels ;
- les variations d’adhésion au dépistage du cancer du col de l’utérus selon les catégories d’âge ou les populations. Le dépistage permet aussi la détection de lésions précancéreuses et donc d’éviter la survenue de cancers.
« Le vaccin n’est pas efficace »
L’efficacité de la vaccination contre les HPV est observée dans les pays où le nombre de jeunes adultes vaccinés est important (80 % de couverture vaccinale). La première observation d’un lien entre vaccination et réduction du risque de cancer du col de l’utérus a été publiée à partir du registre de cancers suédois en 2020.
Ainsi, dans ce pays sur la période 2006-2017, l’observation des cancers survenus chez les femmes âgées de 10 à 30 ans a permis de mettre en évidence un risque de cancer invasif du col de l’utérus inférieur chez les jeunes femmes ayant reçu a minima une dose de vaccin quadrivalent contre les HPV. Dans ce même pays, où la couverture vaccinale atteignait 83 % en 2022, une réduction des lésions précancéreuses de 75 % a été observée chez les jeunes filles vaccinées avant l’âge de 17 ans en comparaison aux autres jeunes femmes.
Par ailleurs, en Australie où la recommandation de vacciner les filles date de 2007 et celle des garçons de 2013, la couverture vaccinale de plus de 80 % a permis une réduction de plus de 77 % des infections par les types de virus HPV responsables de la majorité (75 %) des cancers du col de l’utérus.
De plus, une diminution de plus de 50 % de l’incidence des lésions précancéreuses cervicales de haut grade chez les jeunes filles de moins de 20 ans a également été observée.
Dans ce pays, le succès de la campagne de vaccination, associée au dépistage, ouvre la perspective d’une élimination du cancer du col de l’utérus d’ici une quinzaine d’années.
Il est à noter que dans ces deux pays, la vaccination est réalisée à l’école : depuis 2012 en Suède et depuis 2013 en Australie.
« Le vaccin est dangereux »
Les vaccins contre les HPV sont commercialisés depuis plus de 10 ans, plus de 300 millions de doses ont été distribuées dans le monde et plus de 6 millions en France. Nous disposons donc d’un recul important sur cette vaccination.
Les surveillances mises en place au niveau international et les résultats d’études spécifiques ont confirmé l’excellent profil de sécurité de cette vaccination, reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a mis en place une surveillance renforcée des vaccins contre les infections par HPV depuis leur commercialisation, à travers une enquête de pharmacovigilance. À noter que l’ensemble des vaccins fait l’objet d’une surveillance en vie réelle par l’ANSM.
De nombreuses études portant sur les vaccins contre les infections liées aux virus HPV et sur le risque de survenue de maladies auto-immunes ont été publiées. Ces études ont conclu à l’absence d’augmentation du risque d’apparition de maladies auto-immunes chez les personnes vaccinées contre les infections à HPV.
Sources 1 Institut national du cancer : Vaccination contre les HPV 2 ANSM : Campagne de vaccination au collège 3 OMS : Note de synthèse
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