La vaccination contre les virus HPV provoque-t-elle la sclérose en plaques ?
13.11.2020
Non,
toutes les études réalisées à travers le monde démontrent que la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) n’est à l’origine ni de maladies comme la sclérose en plaques ni d’aucune autre maladie auto-immune.
Cet article traite de l’infox qui indique que la vaccination contre les HPV provoquerait la sclérose en plaques. Pour en savoir plus sur cette vaccination recommandée aux filles et aux garçons dès 11 ans, accédez au dossier et au document d’information.
L’origine de l’infox ?
En 2013, des jeunes filles vaccinées contre les papillomavirus humains ont déposé plainte sous prétexte que la vaccination aurait provoqué des effets secondaires graves comme la survenue de la sclérose en plaques.
Cette information a été largement publiée dans les media. De nombreuses rumeurs et opinions défavorables, notamment soutenues par quelques professionnels de santé, ont pris le relais sur internet, inquiétant ainsi de nombreux parents.
Pourquoi est-ce une infox ?
Les autorités de santé françaises et européennes ont mis en place une surveillance étroite des vaccins contre les HPV depuis leur mise sur le marché. Celle-ci consiste en particulier à recueillir tous les effets indésirables rapportés par les jeunes filles vaccinées.
En 2015, pour faire un état des lieux des données disponibles sur la vaccination anti-HPV, une étude française indépendante1 a été menée sur 2,2 millions de jeunes filles de 13 à 16 ans vaccinées ou non. Les résultats ont montré qu’il n’y avait pas plus de cas de sclérose en plaques ni de maladies auto-immunes chez les filles vaccinées que chez les filles non vaccinées. De nombreuses autres études dans le monde ont été réalisées sur des dizaines de millions de jeunes filles avec des résultats également rassurants : le vaccin contre le HPV n’est pas lié à l’apparition de maladies auto-immunes2.
À ce jour, plus de 100 millions d’enfants et d’adolescents ont été vaccinés contre les HPV dans près de 80 pays.
Pourquoi cette infox est-elle dangereuse ?
Laisser penser que la vaccination contre les HPV pourrait provoquer des maladies est une source d’inquiétude chez les parents qui peut les dissuader de faire vacciner et de protéger leurs enfants. Alors que le vaccin prévient jusqu’à 90 % des infections liées à ces virus.
Au cours de sa vie, environ 80 % de la population sera exposée à un virus HPV et 60 % des contaminations ont lieu pendant la première année de vie sexuelle.
En France chaque année, 6 300 cancers sont dus aux HPV3 ainsi que 35 000 lésions (précancéreuses et cancéreuses) du col de l’utérus. Si les femmes sont les principales victimes de ces cancers (près de 3 000 cancers concernent le col de l’utérus), plus d’un quart d’entre eux touchent des hommes. Il s’agit plus spécifiquement des cancers de l’oropharynx (1 060 cas incidents), de l’anus (360 cas incidents), de la cavité orale, du larynx et du pénis (plus de 300 cas incidents pour ces 3 localisations). Les virus HPV sont aussi responsables des très fréquentes verrues ano-génitales qui dégradent sérieusement la qualité de vie. Ces verrues, sans gravité mais récidivantes, touchent autant les hommes que les femmes (100 000 personnes par an) et leur traitement est particulièrement douloureux.
La recommandation fondée sur les preuves scientifiques
La vaccination contre les papillomavirus humain est recommandée aux jeunes filles et aux jeunes garçons de 11 à 14 ans avec un rattrapage possible de 15 à 19 ans. Cette vaccination, ainsi que le dépistage régulier des jeunes femmes (dès 25 ans et même vaccinées contre les HPV), sont des actions de prévention qui permettent de faire reculer les contaminations et cancers liées aux HPV.
Aucune étude n’a montré de lien entre la vaccination contre les HPV et la survenue d’une sclérose en plaques ou d’une maladie auto-immune. Ce vaccin, dont la sécurité et l’efficacité ont été prouvées, offre une occasion inédite de réduire très significativement le nombre de nouveaux cas de cancers du col de l’utérus et le nombre de décès qu’il provoque chaque année. L’augmentation de la vaccination des jeunes filles et des jeunes garçons, combinée au dépistage régulier des femmes dès 25 ans, est le seul moyen d’atteindre ces objectifs.
1 Site Web Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé : Actualité - Vaccination contre les infections à HPV et risque de maladies auto-immunes : une étude Cnamts/ANSM rassurante - ANSM (sante.fr) 2 Une étude cas-témoins anglaise, incluant une population ayant reçu 10,4 millions de doses, n’a trouvé aucune augmentation significative du risque de syndrome de Guillain-Barré : Andrews N, Stowe J, Miller E. No increased risk of Guillain-Barre syndrome after human papilloma virus vaccine: a self-controlled case-series study in England. Vaccine 2017;35(13):1729-32.Une étude québécoise n’a pas trouvé d’augmentation de l’incidence de patients hospitalisés pour un syndrome de Guillain-Barré parmi les personnes vaccinées : Deceuninck G, Sauvageau C, Gilca V, Boulianne N, De Serres G. Absence of association between Guillain-Barré syndrome hospitalizations and HPV-vaccine. Expert Rev Vaccines. 2018 Jan;17(1):99-102. doi: 10.1080/14760584.2018.1388168. Epub 2017 Oct 13. PMID: 28972438. 3 Site Web Institut national du cancer : Papillomavirus et cancers.
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