Non, toutes les études scientifiques réalisées à ce jour indiquent qu’en termes de toxicité et de risques pour la santé, chicha et cigarette, même combat ! Quelle que soit la forme sous laquelle il est consommé : cigarettes, pipes, cigares, à chiquer et même chicha, le tabac est le premier facteur de risque de cancer.
Cet article traite uniquement de l’infox qui prétend que fumer la chicha serait moins nocif que fumer du tabac. Pour en savoir plus sur les risques de cancers liés au tabac, vous pouvez consulter le dossier complet sur e-cancer.fr.
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L’origine de l’infox
Continuellement vantée comme moins dangereuse que celle de la cigarette, la fumée de chicha cache bien son jeu. En termes de toxicité, elle n’a rien à envier à sa consœur, bien au contraire, comme l’ont confirmé de nombreuses études1. Malheureusement, certaines croyances ont la dent dure et la grande majorité de ses adeptes est persuadée d’inhaler une fumée beaucoup moins toxique, parce que « nettoyée » grâce au passage dans l’eau, que celle d’une cigarette classique.
Par ailleurs, la chicha est présentée comme une expérience originale et exotique, conviviale et « gourmande » avec ses tabacs aux nombreux arômes. Elle s’est faite de nombreux adeptes dans le monde au prétexte qu’elle ne causerait pas de dépendance et serait moins nocive que la cigarette classique. Appelée aussi narguilé ou hookah, la chicha est une pipe à eau qui permet de fumer une préparation de tabac, aromatisé ou pas, consumé avec du charbon et dont la fumée est refroidie en passant au travers de l’eau. Originaire d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient, cette pratique s’est normalisée dans les pays occidentaux depuis le début des années 2000. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), son usage concernerait plus de 100 millions de personnes sur la planète.
Pourquoi est-ce une infox ?
La fumée de chicha, lors de sa combustion, libère au moins 4 000 substances chimiques, dont certaines sont toxiques, irritantes ou cancérogènes. La durée des sessions expose les fumeurs de chicha à des quantités de fumée bien plus élevées que les fumeurs de cigarettes classiques. Selon l’OMS, il faut compter entre 5 et 7 minutes et 8 à 12 bouffées pour fumer une cigarette contre 40 à 60 minutes et 50 à 200 bouffées pour fumer la chicha.
Ainsi le fumeur de chicha inhale 125 fois plus de fumée, 25 fois plus de goudron, 10 fois plus de monoxyde de carbone et 2,5 plus de nicotine. Si la présence d’eau neutralise une partie des particules contenues dans la fumée, elle n’empêche toutefois pas de nombreuses autres substances de pénétrer dans les alvéoles pulmonaires. De plus, comme elle retient une partie de la nicotine, elle incite le fumeur de narguilé à aspirer plus profondément pour obtenir un effet similaire, au risque de l’exposer à des quantités plus importantes de monoxyde de carbone, métaux lourds et substances cancérogènes.
Pourquoi cette infox est dangereuse ?
Sous prétexte d’une pratique conviviale et festive, les adeptes de la chicha sous-estiment des dangers pourtant bel et bien présents. La pratique fédère principalement une population jeune2 qui ne perçoit pas forcément les conséquences à moyen et long terme pour sa santé. À l’instar de la cigarette, l’action de fumer la chicha est néfaste sur l’organisme : risques de maladies cardio-vasculaires et respiratoires… sans oublier les différents cancers3.
Autres risques, celui de l’entrée dans le tabac, qui est plus fréquente chez les utilisateurs initiaux de la chicha , et de la dépendance liée à la nicotine qu’elle contient. Enfin, parce qu’il n’est pas rare de voir des fumeurs utiliser le même embout, l’exposition à divers risques de contaminations virales -herpès, gastro-entérite, affections respiratoires- ne doit pas être négligée.
Rappelons que 20 % des cancers, qui chaque année sont diagnostiqués en France, sont attribuables à la consommation de tabac. En 2023, les projections d’incidence sont de plus de 430 000 nouveaux cancers détectés sur l’année. Ennemi n°1 de la santé, le tabac, sous toutes ses formes, est responsable chaque année de 75 000 décès, dont 45 000 par cancer !
La recommandation fondée sur les preuves scientifiques
Fumer la chicha est aussi dangereux pour la santé que fumer la cigarette4. Comme pour tous les modes de consommation de tabac, il est recommandé d’arrêter, et ce à n’importe quel âge. Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par des professionnels de santé5. L’usage de la chicha, même s’il n’est pas quotidien, présente de nombreux risques pour la santé6.
À retenir
Aussi toxique que la cigarette, la chicha comporte des risques similaires pour la santé. Non, le barbotage de sa fumée dans l'eau n'en minore pas les dangers ! Fumer la chicha n'est en rien anodin. Le considérer comme tel pourrait avoir des conséquences lourdes à moyens et longs termes, notamment parce que cela peut favoriser l'apparition de maladies cardio-vasculaires, respiratoires et de différents cancers. De plus, comme elle contient elle aussi de la nicotine, cette pratique peut générer une addiction à cette substance. Il y a donc tout à gagner à ne pas banaliser la chicha et à lui dire stop, comme à la cigarette !
1 Qasim, H., Alarabi, A.B., Alzoubi, K.H. et al. (2019) The effects of hookah/waterpipe smoking on general health and the cardiovascular system. Environ Health Prev Med 24, 58. Primack BA, Carroll MV, Weiss PM, Shihadeh AL, Shensa A, Farley ST, Fine MJ, Eissenberg T, Nayak S. (2016) Systematic Review and Meta-Analysis of Inhaled Toxicants from Waterpipe and Cigarette Smoking. Public Health Rep. b;131(1):76-85. doi: 10.1177/003335491613100114. Chaouachi, Kamal. (2009). Hookah (Shisha, Narghile) Smoking and Environmental Tobacco Smoke (ETS). A Critical Review of the Relevant Literature and the Public Health Consequencesw. International Journal of Environmental Research and Public Health 6, no. 2: 798-843. 2 OFDT. Les drogues à 17 ans, Analyse de l’enquête ESCAPAD 2022. Tendances n°155, mars 2023, 8 p. Menée en mars 2022 auprès d’un échantillon représentatif de 23 701 filles et garçons âgés de 17,4 ans en moyenne, l’enquête indique que l’expérimentation de la chicha touche 33,3 % des jeunes. 3 Le tabac est à l’origine de 17 localisations différentes de cancers. Il est responsable de plus de 80 % cancers du poumon, de près de 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage) et de 35 % des cancers de la vessie. Il est aussi impliqué dans le développement des cancers du foie, du pancréas, de l'estomac, du rein, du col de l'utérus, du sein, du côlon-rectum, de l'ovaire et de certaines leucémies. 4 Institut national du cancer : Catalogue expertises et publications, la chicha et risques pour la santé, 2009. 5 Les Consultations jeunes consommateurs (CJC) gratuites accompagnent les 12/25 ans pour faire le point sur leur consommation et proposent des aides. Toute l’information sur drogues-info-services.fr ou sur tabac-info-service.fr. 6 Organisation mondiale de la Santé : Fiche d'information sur la consommation de tabac par pipe à eau et la santé, 2015.
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