Non, aucune étude rigoureuse ne permet d’affirmer que le jeûne apporte un bénéfice pour les personnes atteintes de cancer pendant leur traitement. Au contraire, il est bien établi que sa pratique comporte de véritables risques pour les patients.
Cet article revient sur l’affirmation dangereuse, pour les patients atteints de cancer, qui indique que jeûner a un effet bénéfique sur la guérison. Pour en savoir plus sur ce sujet du jeûne pour les malades, vous pouvez consulter la fiche repère et le dossier sur la nutrition pour les patients.
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L’origine de l’infox
Le jeûne*, un gage de forme, de bien-être et de santé ? Inspirée des pratiques ancestrales à dimension spirituelle ou religieuse, cette croyance connaît aujourd’hui un regain de popularité. Pour les promoteurs du jeûne il permettrait, chez les personnes atteintes de cancer, de rendre les traitements plus efficaces, voire de les remplacer et d’augmenter les chances de guérison. Ils considèrent en effet que les cellules saines auraient la capacité de survivre à la privation d’énergie apportée par l’alimentation, les cellules cancéreuses non. Avec le jeûne, on pourrait « affamer la tumeur » : une idée séduisante par sa simplicité mais qui n’a aucune démonstration scientifique.
* Le jeûne est ici défini comme l’arrêt complet de l’alimentation sans restriction de l’apport en eau, pendant quelques heures à plusieurs jours. Lorsqu’il y une restriction partielle et non totale de la prise alimentaire, on parle d’un régime restrictif calorique, protéique ou glucidique.
Pourquoi est-ce une infox ?
En 2017, l’Institut national du cancer et le réseau NACRe*1 ont analysé toutes les études sur l’effet du jeûne ou de la restriction alimentaire sur le cancer. Ils ont constaté que la plupart d’entre elles ont été réalisées chez la souris et ne sont pas transposables chez l’Homme. Leurs résultats varient de l’effet favorable jusqu’à l’effet néfaste, en passant par l’absence d’effet.
Quant aux 15 études sur l’Homme disponibles, la majorité concerne moins de 20 patients et ne suit pas les exigences scientifiques de base pour faire des comparaisons et tirer des conclusions. Ainsi, aucune étude n’a évalué l’effet du jeûne sur l’évolution de la tumeur chez les personnes atteintes de cancer.
Une étude récente publiée en juin 2020 avançait également que le jeûne renforcerait l’efficacité de la chimiothérapie dans le cancer du sein2. Là encore, en raison de sa faiblesse méthodologique, les experts affirment que cette nouvelle étude ne permet pas plus d’affirmer un quelconque bénéfice de cette pratique pour les patients atteints de cancer.
Il n’existe donc aucune preuve scientifique d’un effet bénéfique du jeûne sur l’efficacité des traitements anticancéreux ou sur le pronostic du cancer.
* Réseau National Alimentation Cancer Recherche de l’Institut National de la Recherche Agronomique
Pourquoi cette infox est-elle dangereuse ?
Chez une personne atteinte de cancer, l’amaigrissement et la dénutrition peuvent fragiliser l’organisme et les défenses immunitaires, réduire l’efficacité des traitements, exposer à des complications et même provoquer le décès3. L’alimentation est d’ailleurs un élément étroitement surveillé par les équipes soignantes pour combattre la perte de poids et de masse musculaire des malades4. Il n’y a donc aucun bénéfice à pratiquer le jeûne pour un patient. En revanche, les risques pour leur santé sont bien réels et largement reconnus5.
La recommandation fondée sur les preuves scientifiques
Il est vivement déconseillé par les experts, en l’état actuel des connaissances, de pratiquer le jeûne au cours d’un traitement contre le cancer1. C’est prendre un risque important pour sa santé.
À retenir
Le jeûne n’apporte pas de bénéfices prouvés sur le cancer et ses traitements et peut être dangereux pour les patients. Une personne atteinte de cancer et souhaitant absolument pratiquer le jeûne doit toujours en discuter avec son équipe soignante, qui la conseillera en fonction de sa situation particulière.
Sources 1 Institut national du cancer / Réseau NACRe : Jeûne, régimes restrictifs et cancer, état des lieux et connaissances, novembre 2017. 2 de Groot, S., Lugtenberg, R.T., Cohen, D. et al. Fasting mimicking diet as an adjunct to neoadjuvant chemotherapy for breast cancer in the multicentre randomized phase 2 DIRECT trial. Nat Commun 11, 3083 (2020). 3 Institut national du cancer/ Réseau NACRe : Impact des facteurs nutritionnels pendant et après cancer, septembre 2020. 4 Site Web Réseau NACRe : Prévenir la dénutrition au cours du cancer et son traitement, MAJ 05/04/2016.
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