Le dépistage du cancer du sein est-il inutile, voire néfaste ?

12.11.2020

Non,

le dépistage des cancers du sein n’est ni inutile, ni néfaste. Ses bénéfices sont indéniables pour les femmes. Réalisé tous les 2 ans dès 50 ans, ce dépistage permet de réduire le risque de découvrir un cancer du sein à un stade avancé.

Cet article traite de la fausse information qui indique que le dépistage du cancer du sein présente plus de risques que d’avantages pour les femmes. Pour en savoir plus sur ce dépistage, ses avantages et ses inconvénients, accédez au dossier complet, au livret d’information et au site dédié.

L’origine de l’infox

Certaines voix, relayées dans les media, s’élèvent contre le dépistage des cancers du sein en remettant en cause ses bénéfices pour les femmes. N’expose-t-il pas à trop de rayons qui pourraient provoquer un cancer ? De « faux cancers » ne sont-ils pas détectés donnant lieu à des traitements inutiles ? Est-il nécessaire alors que les traitements des cancers du sein s’améliorent ? Ce débat scientifique peut avoir une répercussion négative sur les femmes et les détourner de l’examen de dépistage.

Pourquoi est-ce une infox ?

Comme le montre une analyse des études scientifiques1, les bénéfices du dépistage par mammographie sont plus importants que les risques.

80 % à 90 % des cancers du sein détectés lors de l’examen auraient progressé s’ils n’avaient pas été détectés et auraient pu mettre la vie de la femme en danger. Un traitement est donc nécessaire.

Dans 10 % à 20 % des cas, certaines tumeurs n’évolueront pas ou peu mais aujourd’hui, il n’est pas possible de les différencier de celles qui vont s’aggraver. Elles peuvent donc faire l’objet de ce que l’on appelle un « surdiagnostic » et d’un traitement dont elles pourraient se passer. Mais il s’agit bien de vrais cancers.

Une exposition répétée aux rayons X est susceptible de conduire à un très petit nombre de cancers dits « radio-induits ». Toutefois ce risque est le résultat de calculs théoriques, non de statistiques observées, et l’irradiation liée à la mammographie est très faible.

 

Les progrès dans les thérapies anticancéreuses ont permis d’améliorer les soins et le pronostic des cancers du sein, même découvert à un stade avancé. Mais il est toujours bénéfique de dépister au plus tôt la maladie pour réduire la lourdeur des traitements et les séquelles comparativement à un cancer découvert à un stade avancé4.

Pourquoi cette infox est-elle dangereuse ?

Chaque année, près de 59 000 nouveaux cas de cancers du sein sont diagnostiqués et même si les traitements sont de plus en plus efficaces, plus de 12 000 femmes en décèdent en France. Ces cancers sont aujourd’hui les plus fréquents et le plus mortels chez la femme.

La mammographie permet de repérer de toutes petites tumeurs cancéreuses, avant même qu’elles soient détectables par la palpation. Et plus un cancer du sein est détecté tôt, meilleures sont les chances de guérison. Cinq ans après le diagnostic, 99 femmes sur 100 sont toujours en vie lorsque le cancer du sein est diagnostiqué à un stade précoce ; elles ne sont que 26 sur 100 lorsque qu’il est détecté à un stade avancé5. Chaque année, plus de 10 000 cancers agressifs peuvent être soignés plus tôt grâce au dépistage.

La recommandation fondée sur les preuves scientifiques

En France depuis 2004, le dépistage organisé du cancer du sein par mammographie et examen des seins, est recommandé tous les 2 ans. Il s’adresse aux femmes entre 50 et 74 ans sans symptôme ni facteur de risque. Aujourd’hui, 25 pays européens mènent un programme de dépistage similaire qui selon les études internationales, permet d’éviter 15 % à 21 % des décès par cancer du sein6. Il vient compléter un dépistage individualisé, avant 50 ans, pour des personnes à sur-risque identifié, et n’empêche pas d’être pratiqué après 74 ans sur prescription médicale.

À retenir

Le dépistage des cancers du sein apporte aux femmes un bénéfice bien plus important que ses risques. Pour répondre aux questions que se posent les femmes sur ce dépistage et leur permettre de décider, en connaissance de cause, de participer ou non au dépistage organisé des cancers du sein, l’Institut national du cancer propose aux femmes un livret d’information et un site dédié.

1   Site Web Institut national du cancer : « Bénéfices et limites du programme de dépistage organisé du cancer du sein, 2013 ».
2 3 IRSN, « Exposition de la population française aux rayonnements ionisants liée aux actes de diagnostic médical en 2012 ». Rapport PRP-HOM N°2014-6, consulté le 12/09/2018.
4   Site Web Institut national du cancer : « Dépistage du Cancer du Sein : impact sur les trajectoires de soins » Fiche d’analyse, collection Les données, Institut national du cancer, juin 2018.
5   National Cancer Institute, Surveillance, Epidemiology, and End Result program. Cancer Stat Facts: Female Breast Cancer, consulté le 23/08/2020. 
6   Site Web Institut national du cancer : « Dépistage du Cancer du sein : S’informer et décider », mai 2017.

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